jeudi 17 novembre 2011

Compostelle, le chemin de la sérénité

L'une des facettes que j'aime bien dans la préparaton de mes voyages à vélo est la consultation d'ouvrages traitant des futurs lieux visités. J'ai donc recommencé à fréquenter la bibliothèque municipale.
Parmi les livres que j'ai consulté jusqu'à présent il y a ce petit bijou d'André Raymond, autrement moins aride de ce que les récits de voyage m'ont habitué, et qui s'intitule Compostelle, le chemin de la sérénité. De la finesse, de l'humour et pas de prêchi-prêcha de la part du pélerin auteur.

Un extrait de l'oeuvre, une réflexion sur le temps, le moment présent, l'harmonie...:
"...Sur cette sente sèche et poussiéreuse, bordée d'arbrisseaux à peine capables de fournir de l'ombre aux genoux, on réalise que ce vent (lequel, sans discernement, on reléguait au rang de fauteur de trouble) se fait caressant écran à la brûlante ardeur du soleil de onze heures. La fatigue aidant, Michèle et moi décidons de célébrer le mariage d'Éole et Phébus par un farniente campagnard. Étendus tout près d'un bosquet juste assez rond pour ombrager le visage, sacs à dos en guise de tabouret, nous offrons à nos pieds un bain de soleil qui fait gigoter les orteils de contentement et d'aise. Prendre le temps pour ce qu'il est et pour ce qu'il propose, quelle lutte épique entre le corps et l'esprit! Le premier, bon vivant de naissance, même s'il se sait capable de prouesses inimaginables, aspire, tant que faire se peut, à ce voluptueux abandon au relâchement musculaire. Le second, cartésien de nature, éternel insatisfait de la réalité, gaspille son temps à pleurer sur ses hiers momifiés pour mieux courir après des demains chimériques. Point n'est besoin de grand prétexte pour déclencher la confrontation de ces éternels duellistes. Aujourd'hui ne fait pas exception... sauf que là...Ciel!... Je n'en crois pas mes yeux... on donne dans le charme! Regardez, voilà que la plébéienne peau, arrosée de soleil, entreprend de chanter la pomme à l'esprit louis-quatorzième, imbu de rigueur et de suffisance.... elle, tous sens en frissonnement, le bombarde de terrestres caresses.... lui, les neuronnes soudainement en érection, voit s'évanouir, sans raison, son univers de calcul. Une telle conquête se voit couronner d'un visage tout sourire qui, les yeux fermés de volupté, aspire à pleins nasaux les effluves d'une mère Nature en chaleur du soleil du midi..."
P.71-72

Non mais avouez que ça donne de la dimension à un récit de voyage.

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