jeudi 25 août 2011

Vancouver / Port-Cartier à vélo Photos et notes de voyage (4)

Le 23 juillet entre Longlac et Hearst
Cette journée-là il s'est produit une mésaventure qui aurait très bien pu mettre fin à mon périple de vélo. J'avais gardé l'incident secret pour ne pas inquiéter inutilement mes proches puisque j'aurai encore à pédaler dans quelques secteurs "à risque".

Faut savoir que dans le nord de l'Ontario et en Abitibi-Témiscamingue les villages sont beaucoup éloignés les uns des autres, qu'entre ceux-ci la vie sauvage est fort présente et la circulation automobile peu élevée.

Donc cette journée-là j'avais prévu pédaler les 210 km qui séparent Longlac et de Hearst puisqu'il n'y a rien entre les deux villages.

Rendu à mi-chemin, à quelques centaines de mètres devant moi, une silhouette que j'avais du mal à identifier correctement allait de gauche à droite sur la route. Plus la forme se précisait moins je pédalais.

Une voiture venant en sens inverse s'arrêta à ma hauteur (ça faisait déjà quelques instants que j'étais arrêté sur le bord de la route) et la conductrice me confirma qu'il s'agissait bien d'un loup. Elle ajouta qu'il semblait agressif, qu'il avait refusé de quitter la route lors de son passage. Elle me demanda quelles étaient mes intentions. J'hésitais. Une vraie claque dans face. Je réalisais pour la première fois ma grande vulnérabilité à circuler en vélo dans cette région. D'un côté j'imaginais les pires scénarios de l'autre je me disais qu'il était impossible de mettre fin à ce voyage de cette façon.

J'ai finalement répondu dans mon anglais approximatif que j'attendrais un flot de circulation dans la même direction que moi et que je le suivrais. La conductrice s'est alors offerte de m'accompagner.

Après qu'elle eu fait demi-tour nous avons roulé à 25-28 km/h vers le loup qui allait toujours de gauche à droite et refusait de quitter la route. Je commençais à regretter ma décision quand, venant en sens inverse, une motocyclette suivie d'une filée de voitures et de véhicules lourds firent peur à la bête qui s'engouffra enfin dans la forêt.

Je remercia la conductrice et continua ma route. J'avais encore une 100aine de km à pédaler avant d'arriver à Hearst. Je m'arrêtais seulement quelques secondes lors du passage de véhicules pour me rassassier.

Mon périple à vélo ne signifia guère plus, à partir de ce jour-là, qu'un trip de boomer en forme qui vit un trip d'adolescence, qu'il y avait des choses plus importantes dans la vie, qu'elle même était fort fragile...

7 commentaires:

Gomeux a dit…

C'est gros en crisse un loup hein?
J'en ai vu un dans ce coin là aussi, ça gèle le sang, va savoir pourquoi.

Quand même étrange comme comportement par contre...

gaétan a dit…

Ouais pour son comportement (démarche à la fois excitée et excitée)j'ai pensé qu'il avait spotté un animal blessé ou piégé tout près et qu'il refusait de laisser son territoire et sa proie à d'autres.
En tout cas moi sa proie je lui laissait. Tout ce qui m'importait c'était de passer...
Un loup c'est gros pis l'attente du passage d'une voiture aux 4-5 minutes c'est long...

gaétan a dit…

Ha pis va y avoir 3-4 photos de Longlac et Beardmore betôt...

Gomeux a dit…

Ça fait ben du sens, moi celui que j'ai vu trainait près d'une carcasse d'orignal qui s'était fait frapper.
En fait je dis celui, mais y était plusieurs, j'ai seulement vu les queues des deux autres.
Ça vit en meute, eh, y devait pas être seul le tien non plus.

Ça m'avait quand même étonné, la taille de la bête, comparé au coyote ou au chien, mettons.

Ben hâte aux photos!

Denis Roussel a dit…

Peut-être qu'il avait peur de se faire voler son lunch.
J'ai déjà vu des coyotes dans le bout ici, mais un loup,j'en ai jamais vu en liberté. brrr.

Zoreilles a dit…

Les loups ont très mauvaise réputation, une réputation surfaite à mon avis, nourrie par tous ces contes de notre enfance... Mais celui-là avait un comportement étrange, comme pas normal.

Il s'agissait probablement d'un loup franc, un solitaire. Rejeté par la meute, (très hiérarchisée) les loups francs développent des comportements étranges parfois, puisqu'ils sont constamment en survie et qu'ils doivent assurer tout seuls leur pitance, sans la meute. Lui aussi, il jouait sa vie...

Le loup est en haut de la chaîne alimentaire, il n'a pas de prédateur à part l'homme.

Moi, j'aurais eu peur plutôt qu'il ait la rage... C'est fou, hein?

Jackss a dit…

Zoreilles,

en lisant le texte de Gaétan, je pensais à toi. Je me souvenais que tu avais déjà dit qu'un loup seul sur la route n'était pas dangereux. S'il s'y trouvait, c'est qu'il avait un problème tel qu'il avait été rejeté par la meute. Tu m'as devancé.

Je crois tout de même que notre ami Gaétan aurait été très brave d'aller le cajoler pour le plaisir de nous raconter son aventure de Capitaine Bonhomme. Ce dernier n'aurait pas hésité à prétendre qu'il avait fait face à 10 000 loups menaçants.

Je loue donc l'humilité et la bravoure de Gaétan.