mardi 30 novembre 2010

Du temps que j'travaillais su'a track....

C'était à l'hiver '78. Ça faisait 2 ans que j'travaillais pour la compagnie et mon ancienneté me permettait de travailler su'a track au mont Wright à 260 milles au nord de mon village.
Fallait payer $50. par mois pour notre chambre pis les timbres de la compagnie payaient même pas au complet les menus du jour du restaurant à Fermont.
Ça fait qu'on a décidé de faire la grève pour avoir les mêmes avantages que les autres travailleurs qui restaient dans les camps le long de la voie ferrée. L'état-major du syndicat avait monté nous convaincre de pas faire de vagues, que c'était bientôt le renouvellement de la convention pis blablabla....
On s'est présenté sur la job pis on a refusé de travailler. Ça pas été long que le surintendant a descendu de son bureau, nous a menacé. Sur les 11 gars on a été 9 qui ont pas bougé, les 2 autres ont chié su'l baku. "Vous autres vous êtes clairés. Allez ramasser vos guenilles en ville, vous descendez su'l freight."
J'm'en crissais pas mal. Y avait d'l'ouvrage en sacrament ces années-là su'a Côte-Nord.
Me suis ramassé pour une multinationale américaine qui faisait de la surveillance sur le chantier de Rayonner-ITT pis à l'usine de Sidbec-Normines. J'aimais pas ça. j'ai lâché au bout de 3 jours.
J'ai rentré pour Sidbec-Normines. L'enfer. Passé des jours pis des nuites à pousser de la boulette de fer avec une hose à pompier dans l'fond de l'usine. Le bruit, pas d'fenêtre, j'voyais jamais le soleil, la poussière qui rendait mes cheveux comme d'la laine s.o.s, la baignoire qui virait au rouge toutes les fois que j'prenais ma douche.
Pendant c'temps-là mes chums d'la compagnie ont tombé en grève une couple de mois. Un bon soir, le président du syndicat m'appelle à mon apparte: "Le contrat avec la compagnie est règlé pis on a réussi à te réembaucher toé pis les autres du mont-Wright. T'es-tu intéressé?" qui dit l'Jean-Guy. Tu parles....

Moi sur un 9-80 dans la back track de Jig à 145 milles au nord de mon village

2 commentaires:

Venise a dit…

Une histoire qui finit bien.

Très bien racontée aussi.

manouche a dit…

...et t'es beau comme un camion.