mercredi 12 mars 2008

Rush d'adrénaline

C'est arrivé il y a quelques années. Au mois de juin. Un dimanche ensoleillé où il faisait plus chaud que d'habitude sur la Côte-Nord. Y avait presque plus personne en ville. Probablement à la plage ou partis magasiner à Sept-Iles. Moi j'entreprenais ma 2ième sortie de la journée sur la piste cyclable qui traverse mon village jusqu'au quartier industriel. J'avais une 40aine de km de pédaler, je revenais à la maison.

Un écouteur dans l'oreille je pédalais en compagnie de Leloup, Perreau, Beck, Clegg et tous les autres qui me stimulent tant. Je l'avais vu passer la barrière de l'usine de bois à Sapputo (Arbec). Il arriverait au stop à peu près au même moment où je passerais. Mais bon, c'est dimanche et c'est même pas le début ou la fin d'un shift alors y doit pas être trop pressé.

Leloup me chante son intérêt pour les fourmis, moi je jette un coup d'oeil à mon odomètre. Je roule à 27 km/h. Je suis content parce que d'habitude je roule 23-24 km/h dans cette section de la piste cyclable que j'ai fait des centaines de fois. Aujourd'hui je suis plus cyclosportif que cyclotouriste. J'approche de l'intersection. Du coin de l'oeil je cherche la fourgonnette rouge que j'ai vu quelques instants plus tôt franchir la barrière d'Arbec. Je trouve qu'il roule vite mais il ralentit pour faire son stop. Moi je retourne dans ma bulle avec Leloup. De toute façon c'est à MOI à passer. C'est moi qui a priorité.

Arrive à l'intersection en même temps que la voiture. Garde mon ryhme, trop heureux d'augmenter ma vitesse moyenne de quelques km/h. La voiture ralentit puis... accélère CRISS! Pause. Le temps est en mode pause. Le temps se décompose en micro-secondes. Jamais vu mon cerveau analyser une situation si rapidement. Je découvre un nouvel espace-temps. Conscient que dans 1-2 secondes la voiture va me frapper. Me demande pendant un très court instant s'il va me passer sur le corps. Non. Tout au plus je vais rouler par-dessus le capot, au mieux être propulser quelques dizaines de pieds plus loin. Je baisse la tête. Le bumper est à quelques centimètres de mon pied gauche et de la roue arrière de mon vélo. Merci mon dieu. Ce sera pour le mieux. Me suis jamais senti aussi invincible. Te promets de ne plus voir la Vie comme avant. Play.

Y fait noir. Je n'entends plus Leloup. J'entends juste le gars qui m'a frappé crier à quelqu'un d'appeler une ambulance et se demander tout haut : qu'est ce que j'ai fait là ? qu'est ce que j'ai fait là? Moi j'ai envie de lui dire de fermer sa gueule que même si je bouge pas je ne suis pas mort. Je garde les yeux fermés et procède à un genre d'inventaire de mon corps. J'ai le corps face contre l'asphalte dans une position que j'imagine peu habituelle. J'ai mal partout mais j''arrive à sentir et à bouger chaque partie de mon corps. Péniblement mais ça remue. J'ouvre enfin les yeux. Mon corps a mal mais je suis comme sur un high. Police. Ambulance. Urgence. Arrêt de travail pour quelques jours. Des cicatrices pour quelques années. Pis une crisse de joie de vivre chaque fois que je repense à ce dimanche du mois de juin 2006.

5 commentaires:

Unknown a dit…

Oh c'est une bien belle expérience le retour à la vie, l'espace-temps où on est certain de l'avoir pedue, la prière instantanée, puis la lutte pour ne pas y rester. Merci msieur!

Mek a dit…

Eh, eh. Passé par là itou. Quelques fois. Tu me donnes une idée de recueil de nouvelles, toutes des accidents de béssik ! Hi hi !

gaétan a dit…

Ouais assez spécial comme expérience. -)

Caro et cie a dit…

Ouffff... Si la plus grande séquelle est d'avoir donné encore plus le goût de profiter de la vie, c'en est une belle!!!!

gaétan a dit…

D'accord avec toi Caro