mercredi 1 juillet 2015

Le pèlerin en genre et en nombre et le randonneur des terrasses

Ils étaient  des dizaines à prendre leur petit déjeuner dans la grande salle à manger du chic hôtel Alfonso IX de Sarria. Pas de faux plis, pas de mèches rebelles, des chaussures propres pour des pèlerins flambant neufs. De ceux qui ne se donneront pas trop  de misère me disait ma langue sale. Ils commençaient leur pèlerinage à 115 km de Santiago de Compostelle. Un peu court pour un pèlerinage mais bon, chacun son chemin. Rien à voir avec moi. J'avais les traits tirés, j'étais sale, pour moi un pèlerinage d'une semaine c'est une randonnée.  Ce matin-là j'ignorais que le chemin que je prendrais serait celui de l'hosto. Je m'étais donné trop de misère. Chacun son chemin!
Sur le camino, la majorité des pèlerins que j'ai pu observer, voyagent en couple ou en groupe. Ils sont Allemands ensuite viennent les Espagnols, ceux de langue anglaise ( Américains, Britanniques, Australiens etc.), les Sud-Coréens, les Italiens, les Français. Plus d'hommes que de femmes. Ils sont âgés de plus de 50 ans, sont instruits, en forme et font le pèlerinage pour toutes sortes de raisons sauf les Sud-Coréens qui semblent le seul groupe à vraiment donner un sens religieux à leur pèlerinage. Par 2 fois j'ai surpris un couple de Sud-Coréens faisant leur prière matinale. Très peu d'intimité dans les albergues. Je pense que c'est aussi les pèlerins les plus sympathiques. Toujours souriants et heureux de revoir ceux qu'ils ont croisé sur le chemin. Bien certain que l'anglais et l'espagnol sont les langues les plus utilisées. Le français ? Il m'est arrivé de passer toute une semaine à ne pas le parler sauf à moi-même. Mon chemin était une bulle......
La première définition donnée par le Petit Robert au mot pèlerinage  est un voyage, individuel ou collectif, qu'un fidèle fait à un lieu saint pour des motifs religieux et dans un esprit de dévotion. J'en ai très peu vu qui répondait à cette définition. À l'albergue du petit village de Alcuescar, nous étions entre 20 et 25 pèlerins. C'était donativo. Autrement dit nous donnions ce que nous voulions pour notre lit et en plus nous avions droit à un souper communautaire gratuit. Nous avions été invité à assister à l'office religieux qui se donnait à l'auberge en compagnie des personnes handicapées dont la communauté religieuse  prenait soin. Nous n'étions que 4 pèlerins sur les bancs de la petite chapelle de l'auberge à avoir répondu à l'invitation. J'étais déçu. Il me semblait que la moindre politesse envers nos hôtes aurait été d' assister à cette courte messe mais bon c'est chacun son chemin. La majorité des autres pèlerins profitaient plutôt de la terrasse d'un bar voisin. Par 20C je les comprenais et pour peu que j'envisageasse une trahison par devers moi-même, je les aurais accompagné et aurais fait partie de cette joyeuse confrérie de randonneurs de terrasses si présente sur le Camino.
Una cerveza por favor !

Photo prise le 27 avril 2015 devant l'albergue municipal Siervas de Maria à Astorga.




3 commentaires:

Jackss a dit…

Bonjour Gaétan,

C'est tout à fait passionnant! Je t'ai attrapé au vol un peu par hasard. J'ai toujours rêvé de vivre cette expérience. J'admire ceux qui le font. À défaut de pouvoir le faire moi-même, j'ai le goût de te suivre. J'aurai 71 ans le 4 juillet. Ce sera ma façon de fêter mon anniversaire sur ta route légendaire propice aux réflexions sur le sens de la vie.

gaétan a dit…

Bon anniversaire. J'ai vu des gens très âgés et mal en point faire le camino avec un peu d'aide. Ça faisait plusieurs années que je pensais faire le chemin et j'étais pas prêt. Là j'avais une direction à prendre dans ma vie et au propre comme au figuré j'ai pas terminé le chemin mais j'ai avancé dans ma réflexion. Je ne pense pas rapporter ici beaucoup de propos existentiels mais partager de façon pratique mon expérience sur le camino.

Jackss a dit…

Je fais le pèlerinage avec toi, Gaétan

Même sans grande réflexion existentielle, la simple démarche m'inspire et me fascine. C'est vrai, j'imagine que ceux qui empruntent la route de Compostelle sortent un peu de l'ordinaire. Et il y a des expériences peu communes.

Un jour, à Havre-Saint-Pierre, j'ai rencontré par hasard un fille dans la jeune trentaine qui avait fait le pèlerinage de Compostelle. Elle avait remarqué un jeune homme inspirant, mais ne lui avait pas adressé la parole. Elle s'était ensuite rendue en Tunisie. Elle avait fait allusion à ce monsieur qu'elle avait croisé à quelques reprises. Par la description qu'elle en a fait, ses hôtes tunisiens ont pensé à un jeune homme qui s'était présenté au même hôtel. Ils avaient sa photo et ses coordonnées. Il habitait en Colombie britannique. Ils se sont rencontrés et étaient ensembles à cette soirée chez des amis à Havre-Saint-Pierre. Elle m'a raconté cette histoire après que je lui ais parlé de mon blogue exploitant le thème du hasard et de la syncronicité.
Bonne route!