dimanche 11 octobre 2009

De l'écoute des Souverains Anonymes à la correspondance de Bonjour le monde

L'élément déclencheur de ce partage est le billet de Christian Mistral sur les Souverains Anonymes. Y a Mistral parolier.
J'ai entendu cette émission de radio (Souverains Anonymes) pour la première fois à Fermont dans les années 95-97. J'avais été agréablement surpris des sujets traités de même que des invités qui acceptaient de se rendre à ce pénitencier de Montréal pour discuter avec des détenus. Si je me rappelle bien, l'art y occupait une grande place.
À la même époque je cheminais dans les A.A et, sans faire la tournée des bars le gros livre dans les mains à tenter de convaincre les autres des méfaits de l'alcool, la pratique de la 12ième étape m'apparaissait essentielle à la sauvegarde de ma sobriété.
M'est bien arrivé en quelques occasions de quitter mon lieu de travail pour répondre à des demandes d'aide, de passer une soirée dans une chambre du clsc de Fermont à tenter de convaincre de la justesse de vivre un inconnu polytoxicomane relevant tant bien que mal d'une tentative de suicide mais le reste du temps cette 12 ième étape se traduisait par nos meetings hebdomadaires avec les mêmes 6-7 soûlons repentis du village!:-) J'avais l'impression d'avoir fait et refait le tour du jardin.
C'est en lisant la revue La Vigne AA que j'ai découvert un nouveau groupe qui fonctionnait comme les groupes réguliers sauf que les échanges se faisaient par correspondance et permettaient ainsi à des gens qui, pour différentes raisons, ne pouvaient assister aux réunions régulières. Ça s'appelait "Bonjour le monde".
De ces correspondances, j'en ai entretenu une qui à durer quelques années avec un détenu du pénitencier de Port-Cartier. Correspondance parfois lourde par le ressentiment dont il était souvent question dans les lettres que m'envoyait ce détenu.
Poursuivant mon implication dans le mouvement a.a, quand je suis redescendu à P-C je me suis inscrit à la liste de bénévoles du pénitencier dans le but de rencontrer ce détenu et continuer de faire du "meeting" avec lui. Pour cela je devais me soumettre à une enquête sur ma personne qui dura plusieurs semaines.
De mon côté, sans chercher à savoir ce qu'avait fait mon correspondant (d'ailleurs le sujet de notre correspondance était exclusivement lié à l'alcoolisme) j'apprenais que la majorité des détenus au pénitencier de mon village était des délinquants sexuels. Pour avoir repoussé les avances sexuelles d'un grand-oncle à l'âge où le mot "bander" avait une signification encore floue dans ma tête d'enfant, je me suis mis à douter du bien-fondé d'une telle rencontre avec un individu dont j'ignorais tout du passé. J'ai cessé mes démarches pour aller faire du bénévolat au "pen" et espacé mes échanges avec ce détenu. Voilà. J'ai fini par le condamner sur la base de mes préjugés sans savoir ce qu'il avait fait exactement pour se trouver là. J'ai fini par l'oublier. Jusqu'à ce billet de Mistral sur les Souverains Anonymes.
Y a des gestes posés par les hommes que je n'arriverais probablement jamais à pardonner, eussent-ils fait leur temps. La pédophilie en fait partie.

3 commentaires:

Blue a dit…

Elle m'interpelle fort ta note Gaétan, d'autant que j'ai un pére et une mére qui sont visiteurs bénévoles de prisons et que étonnament comme un catharsis sans doute maman communique essentiellement avec des délinquants sexuels alors qu'elle est bien incapable d'avoir des relations avec ses propres enfants et petit enfants, c'est à marcher sur la tête quand on y songe et pourtant cela doit avoir un sens pour elle...
Je sais , c'est incompréhensible et impardonable cette nature de crime sur l'enfant qu'est la pédophilie car pafois sans traces apparentes, et pourtant que de dégâts, néanmoins malgré tout des êtres humains n'est ce pas, difficile de tout comprendre, difficile aussi parfois de juger.
Comment faire?

gaétan a dit…

Je ne sais pas. Chacun vit ça avec lui-même. Cela à trop longtemps été tu et je trouve que la chose est plus répandue que je pensais, pas dans les médias, autour de moi....

Zoreilles a dit…

T'as des préjugés, tu dis? J'ai les mêmes. J'aurais pris aussi cette décision.

Il y a tant de monde qui ont besoin de parler, d'être écoutés, soutenus, aidés, encouragés. Les pédophiles arrivent tellllllllement très loin dans la liste de mes priorités...