jeudi 13 janvier 2011

La constellation du lynx-patchwork

Extrait p.562
"-La vie n'est pas un roman d'espionnage, Samuel.
-Peut-être pas, mais on peut avoir besoin de l'imagination romanesque pour saisir une partie de la réalité."

J'aurais pu commenter simplement mon appréciation de ma lecture du roman de Louis Hamelin mais j'ai préféré faire les choses autrement. Un peu à la manière du roman lui-même: une courtepointe aux motifs et aux couleurs disparates qui forme ma foi, un tout fort agréable à lire.

Je dois d'abord dire que si je suis en accord avec la version de Sam Nihilo sur les événements entourant octobe 70, je déteste le sens péjoratif que l'on donne aujourd'hui au mot "conspirationniste". Mot qui d'ailleurs ne se retrouve même pas dans mon Petit Robert 2010 mais sur Wikipédia, à croire qu'il ait été inventé dans le but très précis de ridiculiser les gens qui se posent des questions face à la version officielle des événements qui marquent l'histoire (oups! Suis-je en train de faire un conspirationniste de mon moi-même?)

Première pièce de mon patchwork
l'auteur Louis Hamelin:



Pièce maîtresse du livre
"Tout est là, dans sa courte durée:
Toute la réalité, toute la vérité de l'existence,
La félicité de la croissance,
La splendeur de l'action,
La gloire de la puissance..."
Extrait d'un proverbe sanscrit



Entendre PET dire vers 1:11 que ça avait assez duré ( la crise) et qu'il fallait maintenant bâtir un pays prospère ça m'a rappelé les discours de Bush et du maire de NY aux lendemains du 11 sept. 2001 et qui disaient que pour contrer le terrorisme il fallait continuer de consommer et de dépenser....



Quelques personnages et témoins vivant ou morts de l'époque:
Gaston Miron
Extrait p.48
"C'est l'homme, évidemment, non l'oeuvre, qui était au centre de la célébration. Mais le collègue venu saluer au micro le Maître et ami ne rata pas l'occasion de servir à cette clientèle injustement privée des récentes lumières de la théorie sémiotique les extraits des chapitres de son "Branlequeue ou le sens mis en branle" rédigés à la faveur d'une sabbatique. Les Élucubrations, ou le miracle d'une oeuvre sans cesse à advenir, car tenant à ce livre unique jamais terminé, encore et toujours à finir, ultimement destiné à trouver son achèvement dans le devenir collectif, seul possible de sa postérité."


Robert Lemieux alias Mario Brien
Extrait p.257
"À Mont-Joli, ils avaient rattrapé, chemin faisant, maître Brien, ce bizaroïde justicier qui cavalait cape au vent du Saint-Laurent sur sa Harley...."
Pour avoir croisé 2 fois Robert Lemieux lors de son exil à 7-Iles je peux dire que le célèbre avocat avait beaucoup perdu de sa superbe....

Plume alias Latraverse
Extrait p.251
"Ils étaient une vingtaine autour du feu de grève, un bûcher qui flambait haut, fait de billots de bois flotté entrecroisés au sommet comme les montants d'un tipi et sur lesquels avaient été enfilés quelques vieux pneus. Une épaisse fumée huileuse, d'un noir de suie, s'échappait dans le crépuscule du petit port de pêche converti en attrape-touriste. Un certain Latraverse, un grand efflanqué, grattait une guitare à la lueur des flammes et donnait l'impression de mâcher du papier sablé quand il chantait."



Comment justifier les quelques heures que j'ai passées devant mon ordi, sitôt la lecture de "La constellation du lynx" terminée, à "grayer" cette courtepointe dans le but de faire des clins d'oeil à ceux qui ont lu le livre et tenter d'intéresser ceux qui ne l'ont pas lu.
Peut-être parce que malgré mon jeune âge à l'époque des événements, j'avais 12 ans, du fin fond de ma Côte-Nord je vivais octobre en juin.

Octobre en juin
L'école était fini pis j'pouvais jouer dehors jusqu'à la noirceur. J'avais ramassé un paquet de cigarettes vide à mon père, des Export A, et après en avoir fait des languettes de cartons d'un pouce de large, je m'affairais à les installer sur la fourche de mon bicycle avec des épingles à linge, à les enligner pour qu'elles touchent les rés d'la roue. J'entendais rire par la fenêtre de la cuisine entrouverte. C'était mon oncle P. celui qui travaillait à l'imprimerie d'la Quebec Cartier Mining. Y parlait pis y riait toujours fort. Y était aussi vantard sur les bords comme disait ma mère. Me semble qu'il venait de plus en plus souvent à la maison depuis quelques temps.
- Hé Georges! Sais-tu c'que j'ai faite hier souère. J'ai pris tous les mémos pis les communiqués que j'pouvais, j'les ai traduit en français pis j'les ai mis sur les bureaux de McKay pis de Tupper. Me semble de leu voir la face demain matin....
J'trouvais mon oncle plus de bonne humeur que l'autre fois quand y était v'nu conter à mon père qu'il avait failli se faire pogner à faire des graffitis sur la façade du bureau d'la compagnie.
J'avais fini mon installation de pétarade sur mon bécyk. Restait pu qu'à aller ça montrer aux chums.


Et si ce souvenir n'était qu'imagination romanesque. Va savoir.

4 commentaires:

Marico Renaud a dit…

Ben bravo, je n'aurais pu faire mieux! J'ai eu presque autant de plaisir à lire votre opinion du livre qu'à le lire! Merci.

gaétan a dit…

C'est gentil. Merci.

Gomeux a dit…

Je suis en train de le lire et j'adore.
Tout comme ton billet!
Je me rends compte que je ne connais pas grand chose de la crise d'Octobre 70, dans le détail, les noms ne me disent rien.
Ben du rattrapage à faire.

gaétan a dit…

Oui Gomeux y avait beaucoup d'acteurs dans cette crise des années 60-70... Beaucoup de "y parait que" aussi.
J'aurai cru que suite au livre de Louis Hamelin des acteurs encore vivants se seraient prononcé mais le pacte de silence continue (et c'est peut-être mieux pour certains).
Si mon intérêt est toujours là j'aimerais peut-être mettre la main sur les écrits de Simard, Lanctot, Vallières et Mongeau...