Dans le billet précédent je mentionnais avoir été sensibilisé, durant les années 80, aux affrontements entre autochtones et force de l'ordre sur la rivière Restigouche, une rivière à saumon à la jonction de la vallée de la Matapédia, de la baie des Chaleurs et du Nouveau-Brunswick.
Probablement que de tels événements ont trouvé place dans ma mémoire parce que j'habite en région. Probablement aussi parce que près de chez-moi, sur la rivière Moisie, de tels affrontements avaient eu lieu fin des années 70 et qu'il y avait eu mort d'homme. Un innu.
Faut comprendre que l'opposition envers la reconnaissance de ce territoire autochtone et des droits ancestraux de subsistance qui l'accompagnaient avait pour toile de fond la pêche au saumon qu'une partie de la rivière offrait à une partie de la population soit les bien nantis, surtout des Américains, à raison de $300-400/jour et que le fameux "déclubage" des territoires de chasse et de pêche exclusifs que le parti Québécois avait promis de faire suite à son élection allait servir une clientèle bien particulière.
Alors pour éclaircir ma mémoire une courte recherche sur le net m'a permis (de pêche) de trouver ce documentaire de l'ONF et réalisé par Alanis Obomsawin, une cinéaste abénaki qui a remporté plusieurs prix internationaux en cinéma.
S'agit d'un film très bien fait, sans parti-pris évident sauf celui de la justice et qui ternit un peu l'image du gouvernement de René Lévesque, originaire de la région dois-je le rappeler.
On y voit de très belles images de la montaison du saumon. Vers la 32ième minute une joute verbale entre le ministre Lucien Lessard qui défend son action d'intervention et la cinéaste s'engage. Aussi on est témoin du procès bidon qui s'ensuivit. Carrément dégueulasse.
Bref une leçon de fierté et de courage qui me fait prendre conscience que je n'ai jamais été aussi loin d'être maître chez-moi; que j'ai beau vivre tant bien que mal en harmonie avec mon environnement, le territoire que j'occupe ne m'appartiendra probablement jamais. Suffit de voir la mainmise des minières sur celui-ci et de l'indifférence de mes concitoyens à la réforme de la Loi sur les mines qui a présentement lieu, de la timide présence du PQ à cette réforme et que le seul véritable défenseur des intérêts des québécois sur cette question est Amir Khadir qui ne trouve des appuis que chez les groupes écologistes alors que le contrôle de nos richesses minières devrait être un projet de société pour tous ceux qui disent vouloir un pays.
En arrière-plan sur la photo, pont reliant Listuguj et Campbelton et qui fut bloqué du côté du Nouveau-Brunswick par la gendarmerie royale venue prêter main-forte aux policiers provinciaux du Québec lors des affrontements de juin 1981.
4 commentaires:
J'ai de très vifs souvenirs de cette période.
La plupart du temps ce sont des bribes de conversations qui me reviennent en tête, la plupart du temps anti-Micmac.
Toute cette année, 1981, était assez chaude coté gronde populaire en Gaspésie.
C'est l'année où les femmes de la Matapédia avaient bloqué l'entrée du poste de police d'Amqui, qu'un voyage de gravel avait été crissé sua track de chemin de fer, que Michel Chartrand était venu virer (l'année d'après, à l'Halloween, je portais un gros nez, une moustache et des lunettes noires, tout le monde m'appelait Chartrand et voulait m'entendre dire crisse. À 6 ans...), que Pierre DeBané était député.
Pierre DeBané, je trouvais ça donc ben drôle comme nom.
Anyway, j'étais dans les chambres de fournaises de l'ONF, l'autre jour, en sortant dans le couloir y avait un poster d'un film de Obomsawin, je m'étais dit que j'allais checker ça.
JE commencerai par celui que tu nous présentes, tiens.
Hihihi crisse de bout de viarge....
Par chez nous un groupe de citoyens ont senti le besoin de former un groupe anti-raciste et de faire des activités régulièrement tellement les chicanes du vendredi soir entre blancs et autochtones étaient rendues fréquentes à la sortie des bars de 7-iles ces dernières années et que le discours de certains individus sur la place publique incitait à rendre les autochtones responsables de tous les problèmes. Désolant !
pour la Restigouche je comprends très bien la réaction des habitants de la région (guides, aubergistes, restaurateurs, braconniers blancs etc..)qui vivaient des retombées de la pêche et qui voyaient leur saison en péril avec la pose de ces filets à l,embouchure de la rivière.
Je ne souhaitais pas prendre position dans ce conflit mais le ramener à la mémoire.
Je trouvais aberrant que le gvt envoie 400 policiers dans un village de 150 indiens pour enlever des filets de pêche.... même si en arrière-plan il devait beaucoup être question de territoire plutôt que de pêche proprement dit.
Quoiqu'il me soit plausible aussi que le gvt ne voulait pas déplaire aux riches pêcheurs américains qui venaient y prendre leur saumon mais ça c'est mon côté conspirateur me fait penser de "mêgne"....
J'avais suivi ça à l'époque, parce que ça m'interpellait vivement sur la question des régions, des rivières, des autochtones, de la notion de territoire. J'en garde un souvenir très amer, je sais que tu ne voulais pas prendre position nécessairement et nourrir un vieux débat, mais je ne peux m'empêcher d'avoir ma propre justice qui s'est sentie baffouée à l'époque, c'est le souvenir que j'en garde.
Aujourd'hui, c'est différent, avec la réforme de la Loi sur les mines qui est en train de se faire, les mémoires qui sont présentés, on n'en entend si peu parler, c'est le désintérêt général, l'indifférence patentée des Québécois qui me déçoivent amèrement pendant que se discute et se décide l'avenir d'une région comme la mienne, la tienne, les nôtres.
Il n'y a que Amir Khadir qui se mouille, comme tu l'as si bien souligné. C'est peut-être qu'il n'a rien à perdre? Je suis très près de l'organisation régionale de Québec Solidaire, on ne comprend pas pourquoi le monde se désintéresse de cette question cruciale...
Pendant ce temps, le monde s'excite avec les finales du hockey, les déboires du gouvernement Charest et les élucubrations du cardinal Ouellet qui prennent trop de place!
@zoreilles
C'est rendu que vouloir faire payer la juste part aux riches ou aux multinationales c'est suspect et "contre-productif" c'est "passé-date" en plus de voir surgir les matadores sur toutes les tribunes entretenir la peur....
En novembre dernier, la minière locale tenait une conférence de presse 5 étoiles avec tva, r-c et tous les médias locaux pour dire qu'elle investissaient de grosses sommes d'argent dans la communauté et qu'elle formerait un comité pour et je cite..."aider la Compagnie à assumer efficacement ses responsabilités sociales à Fermont et à Port-Cartier."
Aujourd'hui elle conteste son évaluation municipale et dit à la mairesse comment faire.....
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