Outre le petit catéchisme que je devais apprendre par coeur à la petite école mes contacts avec Ti-Jésus ont été, aussi loin que je me rappelle, teintés de déception et d'humiliation; il y a eu d'abord cette fois où ma maîtresse de 4ième faisait tirer au sort je ne sais plus quelle bébelle et pour laquelle j'avais bien naîvement passé mon heure de dîner à prier dans ma chambre pour gagner le fameux gugusse. Évidemment je n'avais pas gagné le prix. Et puis il y a cette autre fois en 6ième année où nous devions nous rendre à l'église du village pour l'office du vendredi saint en rang deux par deux pendant que la maîtresse s'y rendait en voiture. J'avais déserté les rangs pour me refugier avec un copain à la salle de pool qui se trouvait sur le chemin et raté la cérémonie. Le lundi matin suivant j'avais oublié toute cette histoire jusqu'à ce que la maîtresse nous oblige moi et mon copain à nous placer en avant de la classe et qu'elle nous frappe avec une règle de 36 pouces. Mais bon c'était de même que ça se passait dans ce temps-là.
Après il y eut comme un grand frette entre moi et Ti-Jésus. Plusieurs années plus tard je l'ai croisé à mon mariage. J'avais pas eu le choix de l'inviter. Et puis il y a eu les baptêmes de mes enfants, quelques services funéraires de parents, d'amis et de connaissances. Rien de constant dans nos rencontres jusqu'à mon apprentissage du mode de vie de Bob et de Bill mais vu où j'étais rendu j'avais comme pas le choix de tolérer sa présence, que dis-je son omni-présence meeting après meeting. Les années ont passé. Du Mouvement AA j'avais compris que si je n'aimais pas ce qu'il représentait je pouvais toujours l'appeler autrement. Ça faisait mon affaire. Je l'ai débaptisé. Mon Ti-Jésus est devenu ma puissance supérieure. Du coup il m'est apparu plus sympathique. Et pis les années ont encore passé. Y était pas trop achalant. Pour le récompenser l'idée m'a pris au printemps 2012 de l'emmener dans mes sacoches de vélo pour une virée de quelques mois avec Marjo sur les chemins de Compostelle. Le Camino portugais jusqu'à Santiago puis le Camino francès à contre-courant. Ti-Jésus ben juché sur le guidon de mon vélo voyait du pays. Le sien : Fatima, églises, cathédrales, encens et moi j'allumais des lampions, mille lampions allumés pour ma nièce de 20 ans atteinte de cancer et décomptée. "T'es mieux de la guérir mon sacrament". Mais je n'y croyais pas trop. De mauvais temps en mauvais temps et d'une chute de Marjo le cyclo-pèlerinage s'est transformé en tourisme. À notre retour au village l'état de santé de ma nièce s'était de beaucoup détérioré et elle se retrouvait alitée dans ce genre de maison de fin de vie. Je suis allé la visiter tous les matins. Cela a duré 5-6 jours. Et puis c'est tout. Comme si j'avais besoin d'une preuve de plus que la vie était injuste.
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