Mes samedis soirs sont habituellement réservés à rendre visite à mes vieux parents. Comme d'habitude ma mère sera assise près de la fenêtre du salon, nous montrera sa joie de nous voir et lâchera un " Georges c'est Gaétan pis Marjolaine. Viens t'assire dans l'salon."
Mon père, de plus en plus sourd, ne nous aura pas entendu rentré dans maison. Il sera penché en d'sour d'la fan d'la cuisine à fumer et à regarder la partie de hockey à la télévision.
Nous nous assiérons dans le salon, nous aurons droit successivement, le temps de notre visite à "L'amour du country" avec Patrick Normand duquel je commenterai à ma mère que son beau Patrick semble s'être remis difficilement de sa dernière maladie. Nous parlerons un peu d'actualité pendant que l'père fera des allers et retours cuisine-salon avec ses plats de chips, Pepsi et autres cochonneries que j'avalerai en me disant que je devrai forcer un peu plus demain sur le vélo stationnaire. J'en profiterai pour lui dire que je lui ai apporté Le Devoir. J'ajouterai: "Ça va t'changer de Martineau", lui il fera semblant de ne pas m'avoir entendu.
Sitôt la dernière chanson de country terminée ma mère switchera sur Soirée canadienne à Prise 2 avec Louis Bilodeau et quelques habitants. Elle demandera "Cé dans quel coin St-Éphrem" je répondrai quelque chose du genre à "D'la manière qu'y sont habillés ça doit v'nir du même coin que le Père Gédéon." On commencera à parler de la famille. D'abord de mon frère et de mes soeurs, suivis de mes neveux ensuite les oncles et les tantes par ordre d'importance de leur maladie. Mon père recommencera ses allers et retours mais cette fois pour retourner fumer sous la fan d'la cuisine et à checker le hockey sur la petite tévé.
Un peu passées 21 heures les silences se feront plus longs. On aura fait le tour. Salut bonsoir portez vous bien je passerai faire un tour cette semaine.
Ce soir je n'ai pas rendu visite à mes vieux. La grand-mère de ma bru est décédée cet après-midi et ils ont dû se déplacer à l'extérieur de la ville alors nous gardons le plus jeune de nos petits-fils. J'écris et je me demande si mes vieux seront là samedi soir prochain.
5 commentaires:
Ce qu'on dit, ce qu'on fait n'a aucune importance mais c'est primordial ,ami, que tu continues tes visites du samedi...
Ce billet est touchant. Il n'y a aucun mépris, aucune condescendance, c'est un portrait, un très beau portrait, c'est universel.
Je n'ai plus mon père depuis un bout de temps. Ça me manque beaucoup ces visites lors desquelles il me parlait de ses clients, des actualités.
Cette routine qui nous paraît banale ne l'est pas, vos visites sont tellement importantes pour eux (comme pour nous). Ce qu'ils regardent à la télé, ces chips qu'ils grignottent et qu'ils partagent, c'est le cadre, le décor.
Grand-Langue
Oui, ce billet est touchant...
je me demande , moi, comment sont mes parents et si leurs habitudes sont toujours les mêmes...
J'espère seulement que je ne causerai jamais ce genre de cas de conscience à ma fille (unique). J'en viens parfois à souhaiter de mourir jeune.
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